Le printemps météorologique a débuté ce mercredi 1er mars. L'heure est donc au bilan de l'hiver 2022/2023. Ce dernier a été nettement trop doux, parfois massivement trop sec et à peu près normalement ensoleillé.
Un hiver marqué par des phases de douceur printanière et globalement plus d'un degré trop doux
Cet hiver 2022/2023 (de décembre à février) a été trop doux du point de vue des températures sur une grande partie du territoire, les écarts se situant entre 1 degré et un peu plus de 1,5 degré en de nombreux endroits. Sur l'ensemble de la Suisse, il a été trop doux d'environ 1,3 degré.
L'hiver actuel se classe ainsi entre la sixième et la septième place des hivers les plus doux depuis le début des mesures en 1864. L'hiver le plus doux jusqu'à présent a été l'hiver 2019/2020 avec un excédent de 2,1 degrés. Les dix hivers les plus doux ont tous été enregistrés après 2006/2007, à l'exception des hivers 1974/1975 et 1988/1989, ce qui s'explique par la progression rapide du changement climatique.

Fig. 1: Écart à la norme des températures moyennes de l'hiver 2022/2023; Source: UBIMET
Si l'on regarde de plus près l'évolution des températures de décembre à février au nord des Alpes, on constate que les longues phases de fraîcheur et de douceur se sont alternées.
Ainsi, le mois de décembre a été plus froid que la normale de plus de 2 degrés dans le nord du pays, avec quelques jours sans dégel jusqu'au 19. Par la suite, une phase de douceur marquée a suivi, ce qui a permis d'obtenir au final un excédent d'environ 1 degré à la fin du mois.
Cette période de douceur s'est poursuivie jusqu'au 16 janvier, avec notamment la Saint-Sylvestre et le jour de l'An qui ont connu des valeurs de températures exceptionnellement élevées. Le 1er janvier, les thermomètres se sont envolés jusqu'à 20,2° à Delémont, soit la température la plus douce jamais mesurée au mois de janvier au nord des Alpes. Ainsi, à la mi-janvier, l'année débutait déjà avec un excédent de températures de 4 degrés par rapport aux normales. Une période nettement plus fraîche en seconde partie de mois aura toutefois permis de réduire l'excédent thermique à seulement 1 degré au 31 janvier.
En février, les températures jusqu'au milieu de mois ont été relativement proches des normales, tant est si bien qu'au 15 l'excédent thermique était encore inférieur à 1 degré. Toutefois, une période très douce a ensuite pris le relais et les température ont parfois dépassé les 15° autour du 20 février, faisant grimper l'excédent à près de 3°. Le coup de froid intervenu avec la violente bise à partir du dimanche 26 aura permis sur les 3 derniers jours du mois de ramener, au final, l'excédent thermique à 2 degrés par rapport aux normales 1991-2020.
Dans l'ensemble, tous les mois auront donc été trop doux à l'échelle de la Suisse, le mois de décembre de 1,0 degré, le mois de janvier de 0,9 degré et le mois de février de 2 degrés.
Trop sec, en particulier au Tessin et dans les Grisons
En ce qui concerne les précipitations, le déficit moyen en Suisse se monte à peu plus de 30% au cours de l'hiver météorologique qui vient de s'achever. Le Tessin et les Grisons ont été particulièrement secs, avec parfois moins de la moitié des précipitations hivernales normales. Le déficit est nettement moindre en Suisse romande, un excédent ayant même été enregistré dans les régions de Berne et Fribourg.

Fig. 2: Anomalie des précipitations pour l'hiver 2022-2023; Source: UBIMET
Dans le détail, chaque mois a été très différent l'un par rapport à l'autre. Le mois de décembre n'a enregistré qu'un léger déficit dans l'ensemble de la Suisse. Il a même été trop humide à l'Ouest du pays et en Valais, mais trop sec dans les Grisons.
En janvier, il y a eu environ 30% de précipitations en moins sur l'ensemble de la Suisse, avec un temps nettement trop sec au Tessin et dans les Grisons. En revanche, la Suisse occidentale a connu un léger excédent.
Enfin, le mois de février a été exceptionnellement sec à l'Ouest, en Valais, au Tessin, dans le sud des Grisons et en Engadine, où les précipitations ont parfois été inférieures à 1 mm par mètre carré durant tout le mois. Sur l'ensemble de la Suisse, le déficit est de plus de 70% !

Fig. 3: Un mois de février exceptionnellement sec, notamment en Suisse romande; Source: UBIMET
La sécheresse et le risque d'incendie de forêt qui en découle sont actuellement surtout marqués dans les régions les plus sèches de cet hiver, à savoir le Tessin et les Grisons.

Fig. 4: Niveau du danger d'incendie actuel; Source: MeteoNews
En conséquence des précipitations hivernales inférieures à la moyenne, la quantité actuelle de neige en montagne est également nettement inférieure à la normale et ne représente que 30 à 60% en de nombreux endroits.

Fig. 5: Hauteur de neige actuelle comparée à la moyenne pluriannuelle; Source: WSL Institut pour l'étude de la neige et des avalanches SLF
Ensoleillement à peu près normal
Sur l'ensemble des trois mois d'hiver, la durée d'ensoleillement a été assez proche de la norme. Un net excédent d'ensoleillement a été observé sur le lac Léman, tandis que la durée d'ensoleillement a également été supérieure à la moyenne sur le centre et l'ouest du Plateau ainsi qu'en Valais. En revanche, l'ensoleillement a été inférieur à la moyenne dans certaines parties du Jura et de la Suisse orientale.
De grandes différences ont été observées entre les mois d'hiver : en décembre et en janvier, le soleil a brillé en général 20% de moins que la normale, alors qu'en février, l'excédent était de plus de 40%. C'est donc le mois de février qui a permis à l'hiver de ne pas être trop sombre.

Fig. 6: Écart d'ensoleillement par rapport à la norme pluriannuelle; Source: UBIMET
Pas de tempête d'ouest marquée
Enfin, on notera que l'hiver qui vient de s'écouler n'a guère apporté de situations dites "d'Ouest" puissantes, et il n'y a pas eu non plus de tempête marquante.
Il n'est donc pas étonnant que la rafale de vent maximale mesurée ne provienne pas d'une tempête d'ouest, mais de la tempête de bise de dimanche dernier, avec 148 km/h sur La Dôle dans le Jura et parfois plus de 100 km/h sur les rives de l'Ouest lémanique.