Les séries de journées marquées par des stratus persistants au nord des Alpes font désormais partie du passé. Un vaste anticyclone s'étirant des Açores jusqu'à l'Europe centrale influencera le temps en Suisse probablement au moins jusqu'en milieu de semaine prochaine. L'ensemble du pays pourra profiter de conditions ensoleillées. Par contre, aucune précipitation n'est en vue et les quantités de neige dans les Alpes resteront nettement inférieures à la moyenne pluriannuelle. Une situation qui pourrait s'avérer problématique pour les glaciers cet été si aucune période durablement plus humide ne venait à se mettre en place avant le début du printemps.
Fin des journées marquées par les stratus
Après l'arrivée d'air froid intervenue au milieu du mois de janvier, une situation de bise récurrente a favorisé la présence et la persistance de stratus souvent étendus au nord des Alpes ces dernières semaines. Désormais, ces grisailles se feront nettement plus discrètes et l'ensemble des régions de Suisse profiteront de conditions largement ensoleillées ces prochains jours.
Encore fraîches jusqu'à vendredi, les températures vont ensuite nettement se radoucir d'ici au début de semaine prochaine. En effet, l'anticyclone va venir se positionner quasiment au-dessus des Alpes et entraîner dans son sillage une masse d'air de plus en plus douce. Le redoux s'annonce particulièrement marqué en montagne. Mais le soleil de la mi-février qui commence à devenir plus fort parviendra également à radoucir le fond de l'air sur les régions de plaine durant les après-midis.
Fig. 1: Carte du champ de pression au niveau de la mer et des Geopotentiels à 500 hPa prévus pour l'Europe de l'Ouest le lundi 13 février à la mi-journée; Source: Modèle ECMWF, carte UBIMET
On peut donc espérer connaître d'ici à dimanche ou lundi prochain les premières journées où les températures dépasseront régulièrement la barre des 10° sur les régions de plaine, de quoi apporter de premières sensations printanières.
Fig. 2: Evolution pour Lausanne jusqu'au 14 février; Source: MeteoNews
Les tendances pour la période allant du 15 au 20 février sont également plutôt sèches, même si les températures pourraient légèrement baisser. À confirmer ces prochains jours.
Fig. 3: Tendance pour la Suisse romande du 15 au 20 février; Source: MeteoNews
Enneigement largement inférieur à la moyenne
Corollaire de cette période anticyclonique ensoleillée et sèche attendue ces prochains jours, le manque de neige en montagne ne fera que s'accentuer par rapport à la normale pluriannuelle.
Sujet de préoccupation majeur durant la période de Noël, le manque de neige a ensuite été quelque peu atténué au cours de la première quinzaine de janvier à la faveur d'une succession de passages perturbés. Mais ces précipitations n'ont de loin pas réussi à combler le déficit d'enneigement dans les Alpes.
Fig. 4: Hauteur de neige actuelle comparée à la moyenne pluriannuelle; Source: SLF, Institut pour l'étude de la neige et des avalanches
On constate qu'il y a actuellement partout moins de neige que la moyenne pluriannuelle. Dans les Alpes du Nord, les valeurs d'enneigement varient entre 30 et 90% de la moyenne. Au sud des Alpes, c'est n'est régionalement que 30% de la quantité de neige habituelle qui est mesurée. Ce contexte déficitaire se reflète également dans la somme des précipitations tombées depuis le 1er décembre dernier. Hormis sur une partie du Chablais et des Préalpes fribourgeoises, partout d'ailleurs, les quantités de précipitations sont nettement inférieures à la normale.
Fig. 5: Écart de précipitations au cours de l'hiver précédent par rapport à la moyenne à long terme; Source: UBIMET, MeteoNews
Dans l'ensemble, il y a eu cet hiver, en moyenne sur toute la Suisse, près de 18% de précipitations en moins. Dans les Grisons et au Tessin notamment, l'écart est nettement plus important et dépasse les 50% dans certaines régions. Ce bilan déficitaire ne fera que s'aggraver au moins jusqu'en milieu du mois de février.
Contexte inquiétant pour les glaciers
L'année dernière a été une année noire pour les glaciers suisses. Jamais depuis 2001 les glaciers n'avaient perdu autant de masse et de longueur. Même pas en 2003, la pire année jamais enregistrée, lors de l'été caniculaire historique. Selon le réseau suisse de mesure des glaciers (GLAMOS), les glaciers ont perdu plus de six pour cent de leur volume de glace en 2022.
Fig. 6: Variations du volume de glace de 2001 à 2022 en pourcentage; Source: Ouvrage de mesure des glaciers suisses GLAMOS
Cela est dû d'une part au peu de neige de l'hiver 2021-2022, et d'autre part aux vagues de chaleur répétées de l'été dernier. En prime, de grandes quantités de poussière du Sahara sont venues ajouter un facteur supplémentaire favorisant la fonte de la neige, surtout en mars et en avril 2022. En effet, la neige infusée de sable absorbe plus d'énergie solaire et fond donc plus rapidement. Les glaciers se sont ainsi retrouvés nus de la neige qui les protégeait dès le début de l'été.
Hélas, la situation actuelle n'est pas beaucoup plus favorable pour les glaciers. Comme indiqué plus haut, le manteau neigeux est nettement plus maigre que de coutume, notamment au sud des Alpes. Hors, pour les glaciers, il faut vivement espérer que de grandes quantités de neige fraîche tombent avant la fin du printemps afin d'éviter que le scénario de l'été dernier ne se répète.
Évidemment, la météo est pleine de surprises et la situation pourrait très bien évoluer plus favorablement au cours du mois de mars, et encore durant le mois d'avril. Les prévisions saisonnières et la climatologie récente ne fournissent malheureusement pas de tendance favorable, puisque le trend ces dernières années est de connaître des printemps plus secs et plus doux que la normale.