Le vortex polaire est actuellement en pleine forme. Les températures dans la basse stratosphère se situent à un niveau bas record et la bande de vent d'ouest qui l'entoure est également exceptionnellement forte. Comment cela va-t-il évoluer et quelles seront les conséquences à moyen terme sur notre météo hivernale? Éléments de réponse dans cet article.
Vortex polaire stratosphérique
Le vortex polaire est une dépression d'altitude qui se forme chaque semestre d'hiver au-dessus des pôles nord et sud. La majeure partie des événements météorologiques se déroule dans la troposphère, dont l'altitude varie entre 6 et 8 kilomètres aux pôles et jusqu'à 18 kilomètres au-dessus de l'équateur. Elle contient la majeure partie de la vapeur d'eau et sa température diminue constamment avec l'altitude. À son extrémité supérieure, elle est limitée par la tropopause, où les températures atteignent un minimum. Au-dessus se trouve la stratosphère. Dans sa partie inférieure, la température reste d'abord constante, puis commence à augmenter avec l'altitude. Cela est dû à la couche d'ozone qui y réside et dans laquelle l'absorption des UV libère de la chaleur. Ce processus s'arrête toutefois en hiver, car la lumière du soleil n'atteint plus les hautes latitudes pendant la nuit polaire. La stratosphère se refroidit alors fortement. Il se forme ainsi une puissante dépression d'altitude, un épais corps d'air froid fermé dans la haute troposphère et la stratosphère. Dans le cas d'un vortex polaire bien développé, celui-ci est fermé et délimité vers l'extérieur par un fort courant-jet - l'air froid y est emprisonné. Il en résulte un schéma de flux de vent d'ouest dans lequel sont insérées des dépressions qui, chez nous, se déplacent typiquement de l'Atlantique Nord vers la Scandinavie en passant par les îles Britanniques. Parfois, elles s'étendent un peu plus au sud et se manifestent alors sous forme de tempêtes hivernales sous nos latitudes. Chez nous, ces hivers sont plutôt doux, mais riches en précipitations. Les fluctuations de températures sont en outre moins importantes.

Fig. 1: Comparaison entre un vortex polaire stable et un vortex polaire perturbé (source : NOAA)
Situation actuelle
Au centre du vortex polaire, les températures se situent actuellement localement entre -80 et -90 degrés, ce qui est du domaine des températures records.

Fig. 2: Vortex polaire, température à 30 km d'altitude (source de l'image : meteociel.fr)

Fig. 3: Température moyenne sur la surface de pression de 10 hPa, actuellement exceptionnellement froide
Évolution au cours des prochaines semaines
Les vitesses de vent dans la bande de vent fort environnante dépassent parfois les 300 km/h. Dans les jours à venir, les températures basses ne changeront guère, mais selon les calculs actuels, un phénomène appelé "wave breaking" se produira d'ici le milieu du mois. Le vortex polaire sera alors quelque peu déformé et parfois repoussé hors de la région polaire immédiate, mais il ne s'agit pas d'un "sudden stratospheric warming". Selon certains modèles, le vortex polaire s'affaiblira durant le dernier tiers du mois de janvier, les contrastes de température diminuant.

Fig. 4: Température à environ 30 km d'altitude. Réchauffement marqué de la basse stratosphère
Qu'est-ce que cela signifie pour notre météo?
Lorsque le vortex polaire est fort, le jet-stream situé au sommet de la troposphère est également bien développé. Sur l'Atlantique Nord, l'activité dépressionnaire reste intense et de nouvelles dépressions tempétueuses se forment comme sur un tapis roulant, à savoir de manière très classique dans la zone d'influence droite et dans la zone d'extraction gauche du jet-stream.

Fig. 5: Vents et pression au sol samedi 7 janvier (source: ECMWF)
Ce tableau se dessine ainsi déjà et aura tendance à s'accentuer la semaine prochaine. Une situation similaire à celle de février 2022, lorsque les tempêtes hivernales avaient fait la une des journaux. Pour l'instant, il semble que ces dépressions tempétueuses aient tendance à se déplacer un peu plus au nord et à ne toucher la Suisse que de manière marginale. Dans la première moitié de la semaine prochaine, notre météo se montrera en tous les cas dynamique avec des précipitations répétées. Dans le cadre du passage des systèmes frontaux, la limite des chutes de neige s'abaissera de temps à autre à des altitudes un peu plus basses, mais dans ces conditions, il ne semble toujours pas y avoir d'arrivée durable de l'hiver. Affaire à suivre...