L'été de la Saint-Martin est une période de beau temps typique de la première moitié de novembre. Le terme remonte à Saint Martin. Cette période se caractérise par une situation anticyclonique stable sur l'Europe centrale avec des masses d'air doux en altitude. Une telle situation s'installera sur la Suisse jusqu'à dimanche.
Qu'est-ce que l'été de la Saint-Martin ?
Dans le langage populaire, on appelle "été de la Saint-Martin" une période de beau temps qui survient régulièrement vers la fin de la première décade de novembre en raison d'une situation anticyclonique stable. Cela vaut en particulier pour les montagnes, car en plaine, il y a souvent à cette époque de l'année un lac d'air froid avec du brouillard ou du stratus.
D'un point de vue météorologique, l'été de la Saint-Martin fait partie de ce que l'on appelle les singularités, c'est-à-dire qu'il représente un cas de règle météorologique qui se produit avec une certaine régularité à cette période de l'année. Parmi les autres singularités connues, on trouve par exemple les Saints-de-Glace en mai, une période fraîche à la mi-juin, le temps des canicules en été ou encore le redoux de Noël.
D'où provient ce nom ?
Selon la légende, ce phénomène météorologique s'est produit pour la première fois à la mort de Saint Martin de Tours en 397. L'évêque est mort de manière inattendue le 8 novembre lors d'une visite dans un monastère près de la ville française de Tours. Au moment du transfert de son corps sur la Loire en direction de la ville, une soudaine vague de chaleur a permis aux rives de reverdir et aux arbres fruitiers de commencer à fleurir. Le jour de ses funérailles (le 11 novembre) a été baptisé "Saint-Martin" en sa mémoire. Demain, à 11 heures 11 exactement, le carnaval commencera également.
Qu'en est-il cette année ?
Ce jeudi, un anticyclone s'étend rapidement vers nous depuis l'Ouest et assèche de plus en plus l'air. Par ailleurs, une advection d'air très doux se met en place en altitude. L'isotherme zéro degré remontera d'environ 2100 mètres à plus de 3000 mètres en soirée, voire plus de 3500 mètres sur la Suisse romande. C'est le début d'une phase très douce et assez ensoleillée en altitude qui durera jusqu'à dimanche et qui peut être considérée comme l'été de la Saint-Martin. L'isotherme zéro degré entre vendredi et samedi se situera à près de 4000 mètres !
Fig. 1: Vendredi et samedi, un puissant anticyclone se situera au-dessus de l'Europe centrale.
Dimanche, une dépression d'altitude s'approchera de l'Italie et les températures en montagne baisseront ainsi progressivement. Selon les derniers modèles météo, la dépression d'altitude traversera ensuite les Alpes du sud-est vers le nord-ouest durant la nuit de dimanche à lundi, mettant fin à l'été de la Saint-Martin en montagne. Celui-ci est donc relativement court cette année et ne reviendra pas la semaine prochaine, car il n'y a plus d'anticyclone en vue et un temps variable devrait s'installer.
En plaine, on ne remarquera seulement que dans une moindre mesure le temps plutôt ensoleillé et doux qui règnera en montagne de vendredi à dimanche, car il faudra souvent se battre contre le brouillard ou le stratus, dont la limite supérieure se situera entre 800 et 1000 mètres environ.
Ainsi, les températures en plaine n'atteindront que 8 à 11 degrés. Au-dessus de la couche de grisaille, il fera nettement plus doux, en particulier vendredi et samedi, avec par exemple 14 à 16 degrés à La Chaux-de-Fonds à 1000 mètres et 11 à 12 degrés sur le Pilatus à 2100 mètres. On parle aussi dans ce contexte d'une situation d'inversion ou d'un renversement des températures, c'est-à-dire qu'il fait plus doux en altitude qu'en plaine.
Avec ces températures maximales élevées prévues en montagne, nous serons tout de même assez éloignés des records absolus de novembre. Ces derniers datent du 8 novembre 2015 avec à La Chaux-de-Fonds 20,5 degrés mesurés ou encore le même jour 15,7 degrés au sommet du Pilatus au-dessus de Lucerne.
À très haute altitude, les records de novembre seront davantage approchés. En effet, 2 à 3 degrés sont prévus au sommet du Jungfraujoch, soit des valeurs proches de la dixième journée la plus chaude de novembre (record de 4.7 degrés le 6 novembre 1992).